mercredi 2 octobre 2013

Petite revue de presse et de web : expansionnisme, prostitution, santé

"Partons crever sur Mars" dans le numéro 1109 de Charlie hebdo : interview de Carlo Rovelli, "pointure" en physique théorique. Il est candidat au projet Mars One qui récolte des fonds pour envoyer en 2023 une mission d'exploration sur Mars. Sans perspective de retour. Il nous ressert évidemment le vieux refrain de la tabula rasa, le nouveau départ sur une terre vierge, un "monde nouveau" sans marchandises, sans riches ni pauvres, sans hiérarchies, sans envie et sans haine. Il est d'autre part "pessimiste sur l'avenir de la planète : la Terre ne va pas très bien ces temps-ci", faisant la classique confusion anthropomorphique (bitocentrée) entre la Terre (qui s'en fout) et les humains qui sont dessus : "nous avons besoin d'une autre planète", s'exclame-t-il. Bref, rien que du connu, la colonisation d'autres terres inhérente à l'expansionnisme patriarcal sans frein, avec la fable d'un monde nouveau que nous promettent les vieux pères depuis toujours. Une fois qu'on a bien salopé un endroit, on va en salir un autre, en emportant avec soi ses illusions et ses mauvais penchants. Carlo Rovelli a une femme "qu'il aime et ce serait une preuve d'amour de sa part que d'accepter ses rêves". Ça marche toujours dans le même sens l'abnégation on dirait, le monde nouveau est mal barré. Bon, comme c'est un voyage one way ticket, on ne le reverra plus s'il arrive à partir, c'est déjà une vraie consolation.

Le débat sur la pénalisation des clients de prostituées, c'est parti ! Il est clivant et brouille les lignes de partage habituelles, ainsi ce tweet d'Ester Benbassa, élue sénatrice EELV qui est contre : elle partage l' article d'une philosophe "Madame Vallaud-Belkacem commence à m'excéder !" (Tous les liens du tweet sont cliquables).

Ah, le client, cet éternel absent, cet invisible, cet irresponsable, ce trou noir de l'industrie de la prostitution ! Les prostituées, elles, ont en parle : elles sont le mal, mais le tout à l'égout nécessaire à la bonne santé d'une société, le système de vidange impératif au bon fonctionnement social, selon Augustin, père (paire) de l'Eglise, mais celui qui va y vidanger ses trop-pleins n'est pas mentionné. Les prostituées sont l'Autre, cet ennemi nécessaire au Patriarcat pour garder le contrôle de leurs "honnêtes" femmes en stigmatisant le mal utile, celles qui doivent se sacrifier pour qu'il puisse garder les "honnêtes" femmes sous sa coupe. D'ailleurs, lors de ces micro-trottoirs dont la télé raffole, où on demande à Monsieur/ Madame Tout le monde, qui n'ont pas le plus petit élément de connaissance du dossier, les prostituées éviteraient par leur commerce aux honnêtes femmes d'avoir à subir des viols ! Idée fausse, mais très répandue.

A l'inverse, il y a le romantisme de la prostitution : la littérature, la poésie et le cinéma en regorgent, voir toute la filmographie de Buñuel, par exemple. Les "filles de joies" et leurs "poly-amoureux", quel lyrisme ! On ne va tout de même pas jeter toutes ces belles pages/images au panier. Les mecs sont perdus en Europe, les femmes n'y sont plus dragables ni soumises, allons chercher en Thaïlande ce plaisir de soumettre : Plateforme de Houellebecq, roman sur le tourisme sexuel. On a réussi à imposer des lois internationales pour éviter la prostitution des enfants ? Restons-en là : tout ce qui se passe entre adultes consentants est licite, disent les défenseur-e-s des clients, libéraux assumés.

Ces féministes réformistes libérales qui défendent le client, protégées par "leurs huit années après le bac" (c'est dans l'article) n'ont, elles, pas à faire de choix entre passer au chaud des poulets congelés à la caisse d'un supermarché, ou tailler trois pipes dans le froid, derrière le même supermarché, mais c'est plus vite fait et ça rapporterait plus gros ! En plus, tu es libérale et tu peux "concilier" vie de famille et travail, leur bataille emblématique ! Tu parles d'un choix ! On voit bien qu'elles n'ont jamais senti passer ce courant d'air froid du bout du rouleau quand on arrive à la fin de son allocation chômage et qu'à bout de ressources, on sent qu'il suffirait d'un rien pour basculer dans la rue et les expédients de survie qui vont avec ! On sait que les femmes sont pauvres partout, pauvreté voulue, organisée, maintenue, mais l'auteure de l'article ne se pose même pas la question des raisons de ce choix politique historique universel de la pauvreté des femmes. Être pauvre, il me semble, ça limite tout de même la liberté ! Alors oui, cent fois oui, il est temps de parler du client et de le responsabiliser.

L'infarctus moins bien détecté chez les femmes selon cet article du Devoir : les symptômes des femmes sont moins francs et moins douloureux que ceux des hommes. Du coup le diagnostic d'infarctus chez les femmes n'est pas posé. Or il est important d'intervenir rapidement pour éviter la nécrose du muscle cardiaque. Bien que la cause scientifique de cette différence ne soit pas établie, un article de Djezebel (en anglais) donne un début de réponse "Les femmes meurent parce que les docteurs pensent qu'elles ont l'air en bonne santé" ! Vous avez bien lu. En fonction de votre apparence, les médecins vous jugent : et de donner l'exemple de sa sœur maigrichonne qui se nourrit exclusivement de nuggets industriels vegan (elles sont toutes deux véganes) surchargés en graisse et le sien, celui d'une femme un peu en chair, donc réputée "grosse", quoique se nourrissant de façon plus variée, aspect qui provoque des batteries d'examens pour cause d'obésité ! Toujours ce jugement moral sur l'apparence des femmes ! Un conseil : si vous allez chez le médecin, évitez de vous pomponner, allez-y un peu comme les mecs, en geignant et sans vous être brossé les dents, hâve, dépenaillée, et d'apparence mal entretenue, vous aurez plus de chance qu'on s'intéresse à votre état de santé ! C'est un peu comme chez le percepteur : il vaut mieux y aller sapée en sacs à patates pour demander un délai pour le paiement de vos impôts, question de crédibilité. Et si vous trouvez qu'on ne vous prend décidément pas au sérieux alors que vous êtes vraiment inquiète, prétendez être végétarienne ou encore mieux végane (c'est mieux de l'être vraiment quand même !) : normalement vous mettrez le branle-bas de combat dans le cabinet par votre refus de la nécrophagie imposée par la société, provoquant des batteries d'examens complémentaires. Je parle d'expérience !

5 commentaires:

  1. Encore moi qui écris chez toi ......
    Bon , pourquoi suis je pour l'abolition ? ......
    Non pas pour des raisons simplement féministes .....
    Mais pour l'ensemble de l'humanité .......
    C'est à dire pour les femmes et les hommes ......
    Pour l'ensemble de l'humanité , pour des raisons utopiques , idéalistes .......
    Parce que la prostitution ce n'est pas de la sexualité .
    La prostitution c'est de l'anti sexualité : la prostitution sert la pulsion de mort ... La prostitution est une négation du désir sexuel . La prostitution est bâtie autour d'un trou noir d'effondrement sexuel vers le Rien , vers la négation de toute sexualité ......
    Le sexe masculin n'est plus un sexe mais un organe excrétoire et le sperme un excrément ..... Le sexe féminin n'est plus un sexe mais un trou comme celui d'une pissotière dans lequel le sexe masculin déverse son sperme excrémentiel .......
    La prostitution nie la sexualité et le désir au nom du droit au soulagement ..... C'est totalement morbide . C'est la pulsion de mort en pleine réalisation .....
    La prostitution en niant le désir humain qui est insoluble , nie l'humanité en ce qu'elle est au plus intime d'elle même .......
    Donc je suis pour l'abolition parce que l'abolition représente la dignité de l'humanité face à son désir insoluble ...... En abolissant la prostitution l'humanité deviendra plus adulte parce qu'elle assumera son désir avec plus de force , et elle assumera les difficultés de ce désir sexuel .... Elle assumera mieux le plaisir et la souffrance qui sont indissociables de la sexualité lorsqu'on est des êtres désirant ......
    Abolir la prostitution c'est permettre à l'humanité de devenir plus adulte en vivant pour autre chose que la satisfaction immédiate de ses pulsions quel qu'elles soient .....

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    1. Abolition (réutilisation d'abolition comme dans abolition de l'esclavage) ne veut pas dire interdiction ! On n'éradiquera pas la prostitution, on la limitera et on demandera enfin des comptes aux clients, ce grand absent sans lequel il n'y a pas de prostitution. Pas de demande pas d'offre. C'est ce qui se passe avec l'offre prostitutionnelle mâle : leurs clients sont des hommes, les femmes ne sont pas clientes ou si peu.
      Je ne crois pas que l'humanité -homme/femme ait des pulsions. Prenez un pédophile ou un agresseur sexuel : quand un képi de gendarme se profile, il rentre chez lui : pas de pulsion. Ils épargnent et thésaurisent pour se payer du tourisme sexuel dans des pays lointains : je ne vois pas où est la pulsion. La pulsion s'assouvit dans l'instant, sans délai, c'est sa caractéristique. Pour le reste, je suis d'accord.

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  2. ok avec ça: la pulsion c'est de l'immédiat: impossible d'attendre le 'bon' moment, d'avoir pratiqué la coercition ou la menace ou le chantage préalable etc.
    Et un autre truc formidable: on n'a jamais vu une couille exploser.

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    1. Mais oui ! "On n'a jamais vu une couille exploser" : c'est l'argument imparable :)) contre l'irrépressibilité du désir masculin !

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  3. Je suis pour l'abolition de la prostitution parce que l'abolition est le seul moyen idéal de faire èclatter le systéme du sado masochisme ......
    Au cœur du sado masochisme se trouve la pulsion de mort (qui n'est pas le désir mais l'effondrement du désir , son anihilation) .... Le sado masochisme patriarcale est un systéme qui s'auto construit depuis des millénaires sous la seule force de la pulsion de mort inconsciente qui en occupe le centre comme un trou noir stéllaire , comme un effondrement gravitationnel ....... Le sado masochisme produit des formes de plus en plus ésthétisées de la violence (des violences) afin de consumer , de consommer le désir et de consmer , consommer le monde vidé de tous désirs d'êtres ..... Ces formes ésthétisées de l'effondrement apparaissent , s'assemblent , grandissent .... Et puis se consument et s'effondrent sur elles même , en elles même en y entrainant la vie et les êtres .... pour renaitre sous de nouvelles formes fondamentalement identiques ......
    Ce sytéme fonctionne comme un phénix ......
    Abolir la violence (choisir d'abolir la violence en soi même) n'est pas une position réaliste ..... Cela ne se situe pas dans le champs de la réalité mais bien au delà .... Ce n'est donc pas une interdiction .... C'est un acte idéal , utopique , ailleurs .....
    Abolir la prostitution n'a de sens pour moi que parce que cela s'inscrit dans l'idéal de l'abolition de la violence qui n'est pas un choix réaliste ..... Mais je n'ai que faire de cette réalité patriarcale qui de toutes façons est vouée au Néant puisque son cœur est un effondrement en sa pulsion de mort .....
    Le réalisme ne mène à rien ......
    Moi je choisis d'agir ailleurs

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